Article précédent : Les bases de la photo (1) – Ouverture et Vitesse
Maintenant que vous savez tout sur le couple infernal ouverture / vitesse, vous savez également que ce couple à ses limites. Quand on atteint ces limites, il faut jouer avec un troisième paramètre qu’est la sensibilité.
A l’époque de l’argentique, on utilisait des films qui respectaient une sensibilité donnée notée en ISO. La sensibilité des films allaient généralement de 50 à 800 ISO (je ne parle pas des films spéciaux). Plus le nombre est élevé, plus la sensibilité est élevée. Dans nos appareils numériques, c’est le capteur situé au centre de l’appareil qui fait office de pellicule (je simplifie au maximum !). Un des gros avantage du numérique et que vous pouvez jouer avec la sensibilité pour chaque photo, ce qui n’était pas le cas avec votre ancienne pellicule 24 poses de 100 ISO !
Dans le monde du numérique, la sensibilité peut varier entre 50 et 1600 voir 3200 ISO. Les nouveaux reflex numériques se vantent même de pouvoir gérer la sensibilité jusqu’à 25600 ISO et même plus ! Une grosse guerre marketing se joue autour de ces nouveaux paramètres, à croire que tout le monde veut pouvoir faire des photos dans le crépuscule total !
Même si ces extrêmes ne sont pas importants pour le commun des mortels, il est sûr que la technologie apporte et apportera son lot de progrès dans ce domaine.
Revenons à la pratique photo. Pour les photos en extérieur, la plage ISO utilisée est comprise entre 50 et 400 ISO. A l’intérieur sans flash, vous aurez besoin de monter encore jusqu’à 800 ou 1600 selon les conditions. Sur les compacts récents, une fonction de gestion automatique de la sensibilité peut être activée et vous permet de ne pas avoir à vous casser la tête. Cependant c’est quand même mieux de comprendre ce qu’il se passe !
Comment la sensibilité influence t-elle mon couple ouverture / vitesse ? C’est très simple : imaginons que mon boitier soit réglé sur une sensibilité de 100 ISO. J’utilise un objectif dont l’ouverture maxi est f/5,6 et je veux faire quelques photos de paysage en fin de journée. Imaginons qu’à cette ouverture de f/5,6 la vitesse calculée soit de 1/15s car il commence déjà à faire sombre. Cette vitesse n’est pas assez rapide pour éviter le flou de bouger. Je change donc la sensibilité de 100 à 200 ISO. En doublant la sensibilité, c’est comme si je doublais l’intensité lumineuse. Mon couple passera à f5/,6 et 1/30s (la vitesse a doublé). Si je double encore la sensibilité en passant à 400 ISO, ma vitesse passera à 1/60s. Je peux maintenant déclencher sans risque de bouger.
Si vous avez tout compris, je peux donc vous donner quelques équivalences basées sur cet exemple :
Vous comprendrez ici l’intérêt d’avoir un objectif lumineux. Dans mon exemple, un objectif ouvrant à f/2,8 m’aurait permis de faire la photo sans toucher la sensibilité. Ce même objectif à f/2,8 et 400 ISO m’aurait permis d’utiliser une vitesse de … 1/240s… pas mal !
Augmenter la sensibilité c’est donc le pied ! Sauf que l’on voit un nouveau phénomène apparaitre avec les hautes sensibilités : le bruit numérique. L’amplification de la sensibilité du capteur génère des pixels parasites souvent de couleur verte ou rouge. On perd en netteté, en contraste et en rendu de couleurs. C’est ce qui donne ce côté « granuleux » aux photos. Sur les compacts, le bruit devient généralement visible en passant la barre des 400 ISO. Sur les reflex pro, il est plutôt bien contenu jusqu’à 1600 ISO. Tout est donc une affaire de compromis. Il faut donc bien connaitre son appareil et ses capacités.
Dans quel cas doit-on ou peut-on jouer avec la sensibilité ? Prenons quelques exemples.
1) photo d’intérieur sans flash
Ce peut être le cas de musée ou exposition oû l’on autorise les photos mais sans flash. Autre cas de figure, les photos d’intérieur que vous faites chez vous. Ce type de photo permet de d’utiliser la lumière naturelle (ou celle de l’éclairage de la pièce) de manière à avoir une source lumineuse plus douce, propice aux portraits. Suivant l’éclairage on peut avoir besoin d’augmenter la sensibilité jusqu’à 800 voir 1600 ISO.
2) photo de spectacle ou sport en salle
On se retrouve dans le même type que précédemment. La complexité supplémentaire est le besoin d’utiliser des vitesses plus élevées afin de figer les mouvements. Très difficile voir impossible avec un simple compact et déjà compliqué avec un reflex. Le salut vient avec des objectifs dit « lumineux » qui permettent grâce à leur grande ouverture maxi d’obtenir des vitesses plus ou moins élevées. Bien évidemment ces objectifs sont chers et plutôt réservés aux pros et experts fortunés.
3) paysage nocturne ou fin de journée
Dans ce cas de figure, le flash ne vous sert à rien à part éventuellement dégager le premier plan mais si vous n’avez pas de pied qui vous permettrait de passer la barre des 1/60s, il ne vous reste plus qu’à augmenter la sensibilité de manière à garder des vitesses utilisables.
4) photo de sport et macro
Même à l’extérieur, il existe pleins de cas de figure ou vous devez garder des vitesses élevées. C’est le cas de la photo de sport où pour être sûr de garder une vitesse élevée, il vaut mieux augmenter un peu la sensibilité. Idem pour la macro photographie ou les objectifs macro demandent beaucoup de lumière, ceci afin d’avoir une vitesse suffisante mais également une profondeur de champ étendue. La profondeur de champ est dépendante de l’ouverture mais également de la focale, sujet du prochain article.
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